Into the wild
C’est le mois de novembre et il fait moche : il est temps de se replonger dans nos vacances de septembre au Canada.
L’appel de la montagne nous a menés pour deux semaines dans les Rocheuses canadiennes avant de prendre le chemin de la côté ouest.
Atterrissage à Calgary le samedi 9 septembre au soir et récupération de notre voiture après surclassement (ils nous avaient prévu une Smart à l’origine…).
Le dimanche, nous rejoignons Banff, allons chatouiller un petit bout de falaise et prenons nos marques pour notre première nuit en camping.
Lundi 11 septembre : on attaque les choses sérieuses. La météo s’annonçant moyenne pour les prochains jours, nous profitons de cette belle journée pour viser le sommet du Mont Temple (3543m). Heureusement que nous nous sommes renseignés avant car le sentier part des bords du superbe mais très touristique lac Moraine (1884m) où le parking est limité. On nous avait conseillé d’y être à 6h30, et sachant que nous avions 45 minutes de route, le réveil fut matinal… Cela nous a permis de profiter du lever de soleil sur le lac Moraine et de partir tôt sur le sentier.
Celui-ci nous fait traverser une belle forêt de mélèzes dont les couleurs commencent à changer et c’est un régal pour les yeux.
Puis nous atteignons le col Sentinel où le vent violent est glacial et nous nous demandons si nous allons continuer vers le sommet sachant que les vraies difficultés n’ont pas encore commencées.
Du col démarre une montée pénible dans un pierrier, mais celle-ci s’avère protégée du vent et du coup nous continuons notre progression.
Après le pierrier nous avons le droit à quelques pas d’escalade pour grimper une cheminée puis la dernière partie de l’ascension est une pente régulière et soutenue sous des rafales de vent violentes et glaciales. C’est enfin le sommet, qui offre des rochers pour s’abriter du vent, ce qui nous permet de déjeuner confortablement avec un panorama à couper le souffle.
La descente se passe sans encombre.
Nous profitons des belles rives du lac Moraine jusqu’à ce que le soleil se cache derrière les montagnes, puis nous partons installer notre campement pour la nuit.
Mardi 12 septembre : Tour au Lake Louise avant la pluie et promenade de quelques heures entre lacs, mélèzes et glaciers
Mercredi 13 septembre : Nous faisons une incursion au Yoho National Park avec un premier arrêt à Emerald Lake, dont nous faisons le tour.
Puis malgré le temps maussade nous allons jeter un coup d’oeil à l’impressionnante cascade Takkakaw.
J’insiste un peu auprès de Victor pour grimper au-dessus de la ligne des arbres sur l’Iceline Trail et nous ne sommes pas déçus : la vue est superbe et nous nous retrouvons même nez-à-nez avec un glacier.
Jeudi 14 septembre : Nous prenons la route vers le nord du parc de Banff.
Le temps reste maussade et notre randonnée du jour ne restera pas dans les annales.

Le descriptif du sentier nous avait promis des marmottes mais aucune marmotte en vue : elles hibernent déjà
Mais en milieu de journée, le ciel s’éclaircit et nous profitons de points de vue magnifiques le long de la route 93, avec un arrêt assez long au-dessus du lac Peyto où, une fois le point de vue touristique dépassé, nous pouvons nous émerveiller au calme. Nous croiserons même un pika : cette grosse souris des rochers qui a inspiré le personnage principal d’un célèbre manga.
Vendredi 15 septembre : Il a neigé ! Une promenade matinale nous amène sur une belle crête où nous admirons le panorama glaciaire.

Photo prise depuis le parking de l’Icefields Parkway : un gros centre d’information au milieu de la route 93
En début d’après-midi, nous partons pour notre première randonnée de plusieurs jours dans le “wilderness” canadien. La “Brazeau loop trail” est une boucle de 80km habituellement parcourue en 5 jours. Le premier jour (identique au dernier d’ailleurs) passe un col et s’enfonce de 14 km dans le parc national de Jasper.
Le premier camping compte 8 emplacements et seuls 4 seront occupés. Nous découvrons les toilettes spartiates et les protections anti ours pour conserver la nourriture. Nous sommes aux pays des ours noirs et des grizzlis et il faut donc prendre des précautions : pas de nourriture ou de produits odorants dans la tente notamment, et le camping sauvage est interdit.
Samedi 16 septembre : Il a fait très froid cette nuit (sûrement en-dessous de -5°C) et il est bien difficile de s’extirper du sac de couchage au matin alors que le soleil est à peine levé et ne réchauffe pas encore la tente. L’eau dans nos gourdes s’est transformée en un bloc de glace et et le thermos, qui a également gelé, refuse de s’ouvrir. L’eau gèle instantanément sur nos brosses à dents et nous peinons à nous réchauffer. Heureusement, le soleil commence à chauffer en même temps que nous commençons à marcher. Nous ne croiserons que quatre personnes ce jour là. Nous avons une longue journée de marche avec 26km au programme (car nous avons décidé de faire le sentier en 4 jours au lieu de 5) et nous ne trainons pas. Nous parcourons des sentiers au milieu de grands espaces : l’impression de solitude et d’immensité est bien présente.
Peu avant d’arriver à notre campement du jour, et alors que nous commençons à en avoir plein les pattes et garder le nez au sol, nous remarquons, en plus des nombreuses traces de wapiti, une grosse empreinte d’ours dans la boue. Elle semble relativement fraiche et nous en repérons quelques autres sur le sentier. Nous arrivons au campement peu après : nous y serons seuls (il est de toute façon tout petits avec ses quatre emplacements).
Le “bear spray” (spray au poivre de défense contre les ours) ne nous quitte pas pour la soirée du coup !
Dimanche 17 septembre : Le froid était encore très vif cette nuit mais nous nous levons à nouveau sous un ciel dégagé. A vrai dire, nous en profiterons assez peu, car cette longue journée de marche se fera quasi uniquement en forêt, donc peu de panorama. L’évènement le plus trépidant de la journée a lieu quelques minutes après avoir quitté le camp, quand nous tombons nez à nez quand nous tombons sur le sentier sur un gros amas de baies à moitié digérées. Oui, nous sommes face à un joli vomi d’ours, ce qui me fait théoriser que les premières gelées ont rendues les baies bien dégueu et que le pauvre ours du coin n’a pas bien apprécié la transition et a du quitté les lieux la veille ou l’avant-veille…

Une empreinte d’ours ! Moins belle que celle de la veille mais j’avais trop la flemme de sortir l’appareil la veille…
Au bout de 28km de marche, nous sommes bien contents d’arriver et de poser les sacs…
Lundi 18 septembre : La journée de marche est courte (14km, comme le premier jour), mais le mauvais temps guettant, nous partons tôt. Effectivement, au sommet de Nigel Pass, le blizzard se lève et nous sommes pris dans une tempête de neige.
Nous finissons notre randonnée sous la neige.
De retour à la voiture, après un bref passage au Columbia Icefield (un immense glacier dont la moraine héberge un centre d’information et un parking moche) nous montons vers Jasper où nous nous installons dans une sympathique auberge de jeunesse un peu excentrée.
Ma photo préférée : le lac Moraine avec ses barques.
C’est celle qu’on a imprimé !