« The mountains are calling and I must go » – John Muir
Mercredi 25 juillet :
Réveil à 6h et départ vers 7h30, ça sera notre rythme quotidien. Encore grand beau temps, on ne se plaint pas. Une nouvelle grosse journée nous attend aujourd’hui, avec un autre col. Contrairement à la journée de la veille, où nous avons eu du panorama non stop, on entame la journée par 700m de grimpette en forêt. Les sacs sont toujours (trop) lourds mais nous zigzagons sans rechigner sur le sentier. Après cette bonne suée, nous revoilà sur du plat, avant de redescendre dans une autre vallée. On s’émerveille devant les arbres qui nous entourent : sequoïas, cèdres géants et sapins immenses se succèdent.
Puis nous revoilà en fond de vallée à longer une large rivière.
Juste avant notre pause pique-nique, nous nous déchaussons pour passer à gué deux affluents. La petite pause semi ombragée et les pieds dans l’eau est la bienvenue. Nous croisons aussi un large groupe de randonneurs japonais dont le dernier qui traverse perd l’équilibre, tombe dans l’eau et mouille toutes ses affaires… Pas de chance !
Après notre pause il est temps de reprendre la route pour une nouvelle montée. Aujourd’hui le gros col est en fin de journée, dur dur… Une première montée sur un plateau puis une deuxième montée plus douce mais qui paraît interminable nous amènent au pied d’un lac sublime : Marie Lake.
On est crevé alors on fait une bonne pause en profitant de l’endroit désert. Nous aurions bien planté notre tente là, mais il faut continuer… Il nous reste 100m de dénivelé pour atteindre les 3313m de Selden Pass. De là-haut, la vue est incroyable sur Marie Lake et une marmotte en profite avec nous.
Il nous reste encore quelques kilomètres pour atteindre notre étape du jour, en descente, pour finir au pied des Sally Keyes Lakes où nous trouvons un très chouette emplacement au bord du lac avant de profiter des derniers rayons de soleil pour une rapide demie baignade à 3100m d’altitude.
C’est le royaume des marmottes dans le coin en tout cas.
On passe une soirée paisible ; rincés de notre journée et de nos 25km. Il est temps de remettre à plat le programme pour la suite car le rythme sera dur à tenir sur la longueur.
Nous avions prévu 6 jours pour 84 miles de trek (135km), ce qui fait environ 22km par jour. Cela nous semblait initialement raisonnable pour des randonneurs entrainés, mais c’était sans compter : 1, le poids de nos sacs et 2, l’orage du premier jour qui nous a fait faire une petite journée de seulement 10 miles. Nous décidons donc, plutôt que de courir après les kilomètres de rajouter un 7ème jour, pour pouvoir finir sans stress notre trek, surtout que le dernier col pour rejoindre la civilisation semble costaud… (Cela sous-entend aussi un rationnement de nos provisions.)
Jeudi 26 juillet :
La journée débute par 10km de descente, au milieu des séquoïas.
La matinée se déroule tranquillement sous nos pieds.
On atteint ensuite un large pont qui nous fait quitter Inyo National Forest et pénétrer dans Kings Canyon National Park.
On longe pendant quelques temps un beau torrent dans une gorge étroite et l’on profite d’une longue pause déjeuner au bord du torrent avec baignade et lessive au menu.
Après la traversée d’un large gué assez profond, on se retrouve face à un ressaut rocheux à remonter, qui ne fait pas plaisir avec les 20km que l’on a déjà dans les pattes.
La dernière partie de notre journée nous voit longer de larges prairies que l’on aperçoit à travers la forêt. Nous plantons notre tente en bord de rivière, dans un petit paradis pour moustiques, du coup la toilette de ce soir là est de courte durée…
Vendredi 27 juillet
Nouvelle journée, nouveau col, et pas des moindres. Le John Muir Pass, du nom du naturaliste qui a donné son nom au sentier, est au programme aujourd’hui. Après une halte à la cabine du ranger pour échanger deux trois mots, on attaque la montée.
Nous atteignons après environ deux heures de marche Evolution Lake, véritable petit coin de paradis au milieu des montagnes.
La montée se poursuit doucement jusqu’au lac suivant : Sapphire lake, effectivement un beau joyau dans son écrin minéral.
Plus on monte plus l’univers devient presque entièrement minéral.
On déjeune au bord de Wanda Lake. Il fait presque frisquet et les moustiques sont bizarrement présents dans cet environnement hostile.
Muir Pass est en vue quoique encore plus loin et plus haut (11955 pieds, soit 3650m tout de même).
Nous l’atteignons après une dernière série de zig-zags et c’est sûrement l’un des endroits où nous verrons le plus de randonneurs rassemblés. Ils s’échangent leurs histoires et leurs points de ravitaillement pendant que quelques marmottes pas farouches tachent d’aller piquer de la nourriture dans les sacs laissés sans surveillance.
Après une pause, nous repartons donc pour la descente de l’autre côté du col. Pour une fois, je suis bien contente de descendre cette partie, c’est raide et ça casse les pattes. La montée au col de ce côté doit être un vrai cauchemar… Nous atteignons Helen Lake, où nous avions en tête de poser le camp, mais l’environnement est carrément hostile donc on continue vers de plus verts horizons.
Un peu plus bas, et après un autre lac peu propice au bivouac, nous atteignons un coin idyllique et trouvons un chouette endroit pour planter la tente.
Il nous reste encore assez d’énergie pour descendre jusqu’au torrent pour une séance massage et décrassage puis nous explorons les points de vue autour de notre campement.
Comme tous les soirs (à part le jour de l’orage), nous sommes bien isolés d’autres éventuels randonneurs et personne ne vient troubler notre tranquillité. Et comme tous les soirs, vers 18h on fait bouillir notre eau pour préparer nos lyophilisés, miam miam. ET puis à 20h, dodo et à demain !
C’est beau, ça me donne envie de retourner passer plus de temps dans la Sierra Nevada.. 🙂
C’est vraiment très beau oui. Et ça doit valoir le coup d’explorer les chemins de traverse (hors John Muir trail et PCT) pour avoir moins de monde et peut-être des sentiers un peu plus « roots ». Là, techniquement, c’est de la promenade. Par contre c’est l’autonomie, le poids du sac et le fait de pouvoir bivouaquer où l’on veut ou presque qui donne vraiment un sentiment d’aventure :).