Au Nord !
Pour nos onze ( !) ans, nous sommes allés passer le week-end sur l’île du Nord en mode touriste.
Vendredi soir, nous avons laissé l’île du Sud et sa tempête de neige qui a fait tomber 120cm de poudreuse à Mt Hutt (une « grosse » station de ski assez proche de chez nous). C’est beaucoup pour le pays et c’est une des plus importantes chutes de neige de ces dernières années.
On a décidé de prendre ça pour le signe d’une bonne saison hivernale ! (l’an dernier était très moyen niveau enneigement). Nous ratons donc l’occasion de tester la neige fraiche et quittons le froid du Canterbury avec une heure de retard vendredi soir pour atterrir à Auckland où il fait 15°C et nous sommes contents de reléguer écharpe, gants et bonnet au fond du sac. Nous récupérons notre petite voiture de location et prenons la route du sud vers Hamilton. Sur la route, nous fêtons le début de notre week-end dans un petit restaurant romantique et calme… Après une étude comportementale des néo zélandais sur une 2×2 voie (ils ne savent pas doubler…), nous arrivons à Hamilton vers 23h et sommes bien contents d’aller dormir malgré l’animation extérieure.
Samedi matin, après un réveil matinal et un bon petit-déjeuner, direction Hobbiton ! Nous arrivons un peu avant le départ de la première visite à 9h30 ce qui nous convient très bien car 1 : nous sommes les premiers sur le site donc il y a moins de monde et 2 : déluge annoncé à partir de la mi journée sur une grosse partie de l’île donc nous espérons échapper aux plus gros des précipitations.
Pari gagnant, car malgré un peu de pluie, nous pouvons profiter des lieux et en plus nous échappons aux gros groupes qui apparaissent un peu plus tard.
Mais revenons au sujet principal : Hobbiton ! Il s’agit du lieu et des décors de tournage de la Comté dans les deux trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. Pour la petite histoire, lors du tournage de la première trilogie, les décors ont été réalisés en matériaux périssables et tout a donc été démonté à la fin du tournage pour rendre le terrain comme il était à l’origine. Lorsque Peter Jackson est revenu demander l’autorisation de filmer sa deuxième trilogie au fermier propriétaire du terrain, celui-ci a accepté, à condition que les décors soient durables afin qu’il puisse exploiter le filon. Bingo. Aujourd’hui, avec quelques 250 000 visiteurs par an et une entrée à $75 par tête, la famille Alexander peut certainement arrêter de tondre ses moutons…Hobbiton est situé dans la région de Waikoto qui déroule des collines verdoyantes à perte de vue. Avant d’arriver, nous sommes déjà plongés dans l’univers de la Comté. Notre visite guidée (seule manière de profiter du site) démarre par un trajet de cinq minutes en bus sur une route construite par l’armée néo zélandaise spécifiquement pour les besoins du tournage… (c’est plutôt fun de penser que le budget de l’armée a servi à construire un bout de Terre du Milieu… Bienvenue en Nouvelle-Zélande !). Nous arrivons aux portes de la Comté et après les mises en garde de notre guide sur l’état du chemin (nous on s’en fiche, nous nous attendions à de la pluie et de la boue alors on a mis nos grosses pompes de rando) nous pouvons découvrir ce petit bout de paradis.
Notre groupe ne compte qu’une petite quinzaine de personnes, ce qui est une chance (en plus d’être les premiers visiteurs sur place). A l’origine j’avais l’intention d’écouter la visite mais cet endroit est un vrai paradis du photographe avec tous ses détails et finitions du coup j’ai laissé Victor faire des aller-retours entre la guide et moi avec le parapluie et j’ai mitraillé. Nous nous sommes bien amusés et le site est très bien fait et parfaitement entretenu.
L’endroit a été trouvé par l’équipe du tournage lors d’un survol en hélicoptère. Peter Jackson cherchait un décor naturel bien précis : un arbre imposant à côté d’un lac. Et tadaaa.
La visite était trop courte à mon goût (environ 1h dans le village, ce qui est suffisant à condition de ne pas avoir le déclencheur qui démange) mais elle se termine par une longue pause à l’Auberge du Dragon Vert où l’on se fait offrir une « ginger beer » artisanale (et très bonne !). A 10h30, il était un peu tôt pour la bière ou le cidre. Là aussi, autour de l’auberge, tous les décors sont parfaits !
Victor, qui voulait pourtant une immersion complète, se dégonfle et n’ose pas enfiler le costume de hobbit proposé, c’est bien dommage… A 11h, nous reprenons le chemin du bus, et c’est l’occasion de se promener une dernière fois dans le décor.
Voyant que la pluie reste acceptable, nous faisons un détour par le Blue Spring avant notre activité de l’après-midi et nous nous promenons une petite demi-heure dans ce joli décor avant que la pluie nous ramène à la voiture.
Le Blue Spring est une source d’eau minérale qui fournit près de 70% de l’eau embouteillée vendue dans le pays !
Après cette escale, nous nous offrons une pause déjeuner dans un petit bled et à l’abri du déluge. Puis nous nous dirigeons vers les grottes de Waitomo, célèbres pour la présence de vers luisants. Nous avons décidé de découvrir les grottes des alentours d’une manière un peu sportive et avons donc réservé une excursion de 4 heures de spéléologie dans la grotte de Ruakuri. Il est également possible de visiter ces grottes en faisant du « black water rafting » : un mix de canyoning et spéléo avec des bouées. Ca avait l’air assez chouette, mais en plein hiver et vue la pluie annoncée, nous avions choisi l’option sèche. Bien nous en a pris : le niveau d’eau était (beaucoup) trop haut et toutes les excursions de « black water rafting » étaient annulées.
Nous sommes 7 dans le groupe et 3 guides nous encadrent. Photos interdites pendant l’expédition donc pour vous faire une idée de l’activité, je vous renvoie à cette page. Une fois équipés de combinaison, bottes, casque avec frontale et harnais nous rejoignons l’entrée de la grotte. Nous en profitons pour observer des stalactites et de jolies formations drapées ainsi que des vers luisants puis petit tour de chauffe pour tester le matériel et le système d’accroche par deux points d’ancrage. Ensuite les choses sérieuses commencent. Le guide nous montre une anfractuosité étroite dans la paroi en nous annonçant l’air de rien : « Après on passe par là.» « Je pense qu’il rigole. » me dit Victor. Non, non, il ne rigolait pas, il faut se hisser sur un premier palier avant de continuer à grimper en se mettant en travers pour avoir les fesses sur une paroi et les pieds sur l’autre afin de pouvoir monter. Sur sept nous sommes 3 français et un groupe de quatre asiatiques dont deux filles franchement pas dégourdies. Et comme elles sont devant, cela donne le rythme… Du coup l’ensemble du parcours se fera à un rythme trèèèès lent, au son des geignements des deux demoiselles. Ca c’est pour la partie négative. Le reste est vraiment chouette. J’ai beaucoup aimé le début où il faut se faufiler à travers la faille étroite et monter et descendre comme on peut. Pour la suite, la plupart du circuit se fait à flanc de paroi, régulièrement à une vingtaine de mètres au-dessus d’une rivière souterraine rugissante, donc nous sommes bien accrochés. De temps à autre le plafond scintille grâce à la présence de vers luisants. Le parcours enchaine les obstacles : traversée de « canyon » d’une paroi à l’autre, descente en rappel, échelle brinquebalante (sans les mains !) reliant les deux parois, balançoire au bout d’une corde, pont à 3 cordes, tyroliennes (avec la frontale éteinte en regardant les vers luisants, c’est drôlement chouette !). A part le rythme désespérément lent, c’est un très bon moment. C’est étrange de perdre complètement la notion du temps et de l’espace. A tel point qu’à un moment, en train de descendre une paroi escarpée à l’aide d’une corde à nœuds je remarque des arbres autour de moi. Ce n’est qu’une fois au sol que je réalise qu’il pleut et que je suis dehors… Il est 19h et il fait nuit noire. C’est très bizarre comme sensation ! Nous avons passé au final environ 3h30 sous terre. Les guides s’extasient devant la hauteur de la rivière en crue (nota : un peu plus au sud, les inondations liées à cet épisode pluvieux ont été catastrophiques…) et nous rentrons à la base pour nous changer et prendre un bol de soupe.
Malheureusement, l’excursion sur une île volcanique que nous avions prévue le lendemain est annulée pour cause de mer trop agitée. Cela nous économise de la route et nous restons dormir sur place, près des Waitomo Caves.
Le lendemain, nous décidons donc d’explorer un petit bout de la côte ouest, autour de Raglan, petite ville de bord de mer réputée pour ses spots de surf. Après un détour par la Bridal Veil Fall, nous profitons de l’air marin et de la jolie côte sauvage en suivant un peu au hasard des petits chemins.
Nous reconnaissons le chant caractéristique des tuis (une autre espèce d’oiseau assez endémique mais peu présente sur l’île du sud) et Victor fait ami-ami avec des vaches.
Puis nous allons observer les surfeurs au coucher de soleil en ce jour de solstice, avant de reprendre la route vers Auckland.
Au retour sur Auckland, le GPS décide de nous faire passer par les petites routes sûrement très bucoliques en plein jour au milieu des collines, mais beaucoup moins agréables de nuit. Nous arrivons à Christchurch peu après 22h et ressortons écharpes, gants et bonnets du sac à dos. Par contre, impossible de mettre la main sur la clé de la voiture. Nous avons bien le « bip » qui permet d’ouvrir, mais pas la clé pour démarrer. Nous tentons notre chance et allons jusqu’à la voiture pour voir si la clé n’est pas restée à l’intérieur mais non… Résignés, nous appelons un taxi que nous attendons piteusement derrière la porte du Mac Do de l’aéroport (parce que ça caille sévère) et nous sommes finalement chez nous vers 23h30. Une drôle de façon de finir un bon week-end…
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