West Coast represent
La semaine dernière nous avons bénéficié d’un phénomène météorologique intéressant, quoique plutôt rare : le temps était mauvais de notre côté des Alpes tandis que la West Coast profitait d’une dizaine de jours de grand beau temps. Pour une fois, les nuages étaient coincés sur le Canterbury. Comme d’ordinaire, les prévisions météo ressemblent plutôt au tableau ci-dessous, nous avons sauté sur l’occasion pour aller faire un tour vers Hokitika.
Après notre « housewarming party » vendredi soir, nous nous levons en pleine forme à 7h du matin pour affronter 3h30 de route.
Conformément aux prévisions, le temps est pourri jusqu’à Arthur’s Pass, où subitement les nuages laissent place au ciel bleu jusqu’à la côte. Les keas sont de sortie et l’un d’eux profite de notre pause pipi pour s’attaquer au rétroviseur. Il n’a pas l’air bien convaincu par mes « shoo shoo » visant à le chasser mais il finit par s’envoler lourdement en se trouvant une nouvelle proie (un kayak sur le toit d’une voiture). Après Arthur’s Pass, la route descend abruptement jusqu’à Otira, petit bled qui signale l’entrée sur la West Coast. Pas besoin de panneau, le changement brutal dans la végétation parle de lui-même. Les flancs des montagnes sont désormais recouverts d’une végétation beaucoup plus dense d’où sortent des pongas. Joie des routes néo zélandaises, nous nous retrouvons dans une file de voitures, coincés derrière un camion de lait pendant 45 minutes. Nous nous impatientons légèrement car nous souhaitons arriver le plus tôt possible au parking de notre randonnée du jour. En effet, le refuge où nous prévoyons de dormir n’a que quatre lits, sur le principe habituel du « first come, first served » (premier arrivé, premier servi). Nous arrivons enfin en vue de la côte, puis d’Hokitika. Par un temps comme aujourd’hui, Aoraki se détache parfaitement dans l’arrière plan des Alpes. Le panorama est superbe !
Une fois au lac Kaniere, nous faisons une petite pause photo au bord du joli plan d’eau avant de rejoindre le parking de la randonnée. Une seule voiture y est garée et seulement deux sièges dans la voiture. Tout va bien ! On peut pique-niquer (on devrait faire des soirées plus souvent les veilles de randonnée parce que c’est repas grand luxe à base de guacamole, quiche et cake au citron), non sans guetter les très rares bruits de voiture en espérant qu’ils ne bifurquent pas sur le parking. A 12h15, nous nous mettons en route et il faut dérouiller les jambes pour les gentils 1000m de dénivelé qui nous attendent. Le début nous perd dans une jungle de végétation luxuriante ; on pourrait se prendre pour des explorateurs.
Puis les choses sérieuses commencent avec une grimpette à la néo zélandaise où l’on passe en mode escalade grâce aux racines d’arbres. Il faut voir le bon côté des choses, grâce à la semaine de beau temps le chemin n’est pas boueux et ça, c’est drôlement agréable ! Sur le chemin, nous croisons le couple –d’un certain âge d’ailleurs, respect- dont la voiture est garée au parking. Ils font juste l’aller retour dans la journée : chouette, le refuge est donc vide pour l’instant. Après un peu plus de deux heures de montée, nous sortons enfin la tête des arbres et découvrons le panorama.
Nous atteignons le refuge peu après, au bout de 2h30 de marche. Nous prenons gaiement nos quartiers et profitons d’une sieste au soleil bien méritée.
Cette hut a été installée et est entretenue par un groupe de volontaire, et non pas par le DOC comme c’est habituellement le cas et son usage est gratuit. Il y a un petit poêle à charbon (et oui, nous sommes sur la West Coast, riche en minerais et il n’y a pas de bois autour…) et même du double vitrage aux fenêtres. Mais surtout, à un peu plus de 1100m d’altitude, le panorama depuis la hut est incroyable : plein ouest la vue donne sur le lac Kaniere, le bourg d’Hokitika et l’océan alors que dans les autres directions, nous sommes cernés par les montagnes.
Mine de rien, le soleil chauffe un peu moins et il est temps de s’activer à nouveau : nous partons donc explorer la crête qui surplombe la hut, jusqu’à son point culminant (1270m).
La promenade nous offre un tableau sans cesse changeant sur les montagnes et la côte, tandis que la lumière se fait plus rasante. Victor, en bon éclaireur, enfonce une jambe jusqu’au genou dans de la vase, rentabilisant très clairement l’emploi des guêtres (la boue et les traversées de rivière devait lui manquer). Une fois en haut et malgré l’insistance discrète de Victor pour poursuivre plus loin sur la crête (« Oh regarde, on pourrait aller jusque là-bas, ça a l’air plus haut. ») nous faisons demi-tour et retournons profiter de la situation privilégiée de la hut.
Alors que le soleil décline fortement, un couple nous rejoint au refuge, soulagé d’avoir de la place. En l’espace d’une heure, la température passe d’acceptable à carrément glaciale, et l’on regarde le soleil se coucher depuis la fenêtre du refuge avant de ressortir pour quelques photos.
Un weka farfouille allégrement dans les tussocks autour du refuge et espère même entrer. Tandis que nous optons pour la soupe pour nous réchauffer, nos compagnons du soir ont choisi l’option whisky, chacun sa méthode !
Cette nuit, nous passons à l’heure d’été. Comme de toute façon on se couche tôt et que l’on a prévu de profiter du lever du soleil, cela ne change pas grand-chose. A 5h45, enfin 6h45 heure d’été, on se lève péniblement pour affronter le froid et regarder le ciel et les montagnes changer peu à peu de couleur.
Après 45 minutes, les premiers rayons du soleil nous atteignent et nous en profitons pour retourner dormir un peu.
Nous prenons le petit déjeuner dehors en observant les nuages qui s’amoncellent lentement à l’horizon. Peu avant 10h, nous entamons la descente.
Nous arrivons au parking à la bonne heure pour le déjeuner et nous allons pique-niquer au bord d’un ruisseau glacé où nous retrouvons nos amies les sandflies, qui sont ravies que nous ayons décidé de nous aérer les orteils.
Nous profitons ensuite d’être dans le secteur pour faire un tour au Hokitika Gorge ; c’est est un peu loin de tout et la promenade est courte. Mais effectivement l’endroit vaut le coup d’œil. C’est magnifique. Malheureusement, impossible de trainer bien longtemps sur place tant les sandflies pululent.
Nous fixons donc dans notre mémoire le tableau des eaux turquoise et prenons la route d’Hokitika pour une nouvelle halte sur l’immense plage où s’éparpillent des centaines de morceaux de bois flotté.
Il est temps d’entamer le retour vers la côte est. Cette fois ci nous constatons un phénomène inverse à la veille. Alors que les nuages s’accumulent sur l’ouest, une fois arrivés à Arthur’s Pass, nous constatons que l’horizon est dégagé. Nous traversons le Canterbury sous le soleil, en profitant de la vue sur la super lune.
Superbes photos, comme d’habitude. Vous me faites rêver !