Fiordland, one last time

Victor a terminé son boulot fin avril et nous nous étions réservés une semaine de vadrouille dans le Fiordland avant de quitter le pays. L’idée principale était de randonner sur la Milford Track, la randonnée la plus renommée du pays (et surnommée « the finest walk in the world ») qui nous tentait depuis bien longtemps.

C’est cher et compliqué de faire la Milford. Déjà, en saison (jusqu’à fin avril), il faut avoir réservé entre 6 mois et un an à l’avance ses places en hut (donc pas de possibilité de s’adapter à la météo). Nous étions au début de la saison hivernale et les huts étaient à nouveau en mode « first arrived, first served », et à un prix classique ($15 la nuit au lieu des $55 en saison…). La logistique reste quand même compliquée (et chère), puisqu’il faut prendre un bateau sur le lac Te Anau, à 30 km de la « ville » de Te Anau ; et à la fin de la randonnée, il faut prendre un nouveau bateau puis le bus de retour qui nous ramène à Te Anau.

Nous avions fait la route entre Christchurch et Te Anau le lundi 2 mai (le week-end précédent, j’avais mon dernier camp d’entrainement avec l’équipe féminine avant Londres, hiiii). C’était loooong : ça nous a pris neuf heures de voyage.

Faut dire qu'on n'a pas résisté aux arrêts photos (là sur le lac Tekapo)

Faut dire qu’on n’a pas résisté aux arrêts photos (là sur le lac Pukaki)

Jolie gorge quelque part dans l'Otago

Jolie gorge quelque part dans l’Otago

Le programme initial était de faire la Milford du mardi au jeudi. Mais quand on a vu qu’ils annonçaient 200mm de pluie sur le chemin le mercredi (oui oui, vous avez bien lu, et oui, c’est monstrueux), nous avons adapté nos plans…

Mardi 3 mai nous sommes donc partis tôt pour faire une partie de la Kepler track (une autre Great Walk). Nous avons atteint Luxmore hut en 3h20 et comme nous étions les premiers, nous avons pu choisir les meilleurs couchettes dans l’immense hut de 54 places.

Lac Te Anau, depuis la Kepler Track

Lac Te Anau, depuis la Kepler Track

Après une montée en forêt assez ennuyeuse, la vue se dégage

Après une montée en forêt assez ennuyeuse, la vue se dégage

Rainbow !

Rainbow !

Chemin grand luxe

Chemin grand luxe

Luxmore Hut

Arrivée à Luxmore Hut

Après déjeuner, nous avons laissé nos affaires au refuge et sommes allées profiter de la plus belle partie du chemin, sur les crêtes. Le temps n’était pas formidable mais les jeux de lumière dans les nuages étaient très beaux et la lumière sur les crêtes et le lac offrait un magnifique spectacle.

Le sommet du Mt Luxmore est dans les nuages

Le sommet du Mt Luxmore est dans les nuages

Nuages et lumières

Nuages et lumières

Contemplation

Contemplation

A flanc de montagne

A flanc de montagne

Retour vers Luxmore Hut

Retour vers Luxmore Hut

A notre retour au refuge, celui-ci s’était bien rempli et nous sommes ressortis avant la tombée de la nuit pour jeter un coup d’oeil à une grotte voisine.

Chemin vers la grotte

Chemin vers la grotte

Le lendemain, comme prévu, le temps n’est pas engageant. Nous quittons la hut sous la pluie dans la matinée et redescendons sur Te Anau où nous passons une après-midi paisible entre cafés, film sur le Fiordland et dîner au restaurant. Puis nous partons dormir dans un camping du DOC, nous loin de notre point d’embarquement du lendemain pour la Milford track.

Jeudi 5 mai à 8h30, nous étions donc au petit ponton d’embarquement de Te Anau Downs. Après une énième hésitation, j’ai fini par rajouter mon matelas dans mon sac à dos, au cas où les refuges soient pleins. Nous sommes 10 randonneurs dans le water taxi, dont 7 francophones, ça fait bizarre !

Lac Te Anau

Lac Te Anau et sommets du Fiordland

Le temps est superbe et après 45 minutes de traversée nous sommes au départ du sentier. Il relie le lac Te Anau au Milford Sound en 53km. Hors saison on peut le parcourir dans les deux sens et doubler des étapes si on le souhaite, mais d’octobre à fin avril, il est imposé de dormir dans toutes les huts et la première n’est qu’à 5km du début de la track ! Nous avons de notre côté l’intention de poursuivre jusqu’à Mintaro Hut, à un peu plus de 21km du point de départ. Nous longeons tout d’abord une large rivière dans une forêt incroyablement moussue et après environ deux heures de marche, nous dé bouchons dans une vallée magnifique qui nous arrache de nombreux cris d’admiration.

C'est moussu

C’est moussu

Vallée glaciaire du Fiordland

Vallée glaciaire du Fiordland

Sommet

Sommet

Elle est relativement étroite et encadrée par d’immenses falaises et pics montagneux avec un glacier sur l’un d’eux. Nous nous arrêtons pour un déjeuner rapide (yep, les sandflies sont incluses dans le package toute l’année…) avant de reprendre notre chemin les yeux écarquillés pour ne rien rater du panorama. On alterne entre bouquets d’arbres moussues et clairières.

Vallée et sommets

Vallée et sommets

Végétation

Végétation

On s'extasie un peu devant le panorama

On s’extasie un peu devant le panorama

Nouvel angle, nouvelle photo

Nouvel angle, nouvelle photo

Pont, cascades et glacier

Nous ne faisons que peu de pause car nous avons comme objectif de faire une grosse journée. Nous arrivons à Mintaro Hut peu avant 16h.

Mintaro Hut

Mintaro Hut

Nous sommes les deuxièmes sur place donc pas besoin des matelas cette nuit là… Et nous nous accordons une pause goûter pour reposer nos jambes un peu fatiguées des 22km qu’elles viennent d’avaler et nous requinquer un peu. La journée est trop belle pour que nous rations l’occasion de monter au McKinnon Pass dans la foulée. C’est le point culminant de la track, situé à quelques 4km de la hut où nous sommes et nous espérons pouvoir arriver en haut avant que le soleil ne disparaisse derrière les montagnes. Nous repartons donc gaiement, avec nos frontales en poche à l’attaque du col. La vue se dégage tout d’abord sur un impressionnant cirque puis nous atteignons le col au bout d’un peu plus d’une heure de marche.

Quel cirque !

Quel cirque !

J’ai un grand sourire sur les lèvres à la fin de la montée. Au détour d’un virage, Mc Kinnon Pass apparaît dans la lumière de fin de journée : c’est sublime.

Wow

Wow

Quelques mètres supplémentaires nous mène au plus beau point de vue du jour. Les montagnes du Fiordland tout autour de nous, un glacier, une lumière à se damner et l’endroit rien que pour nous.

Re wow

Re wow

Ca aurait été dommage de passer à côté de cette vue

Ca aurait été dommage de passer à côté de cette vue

Petit monument dédié à Mc Kinnon, l'explorateur qui découvrit ce passage de col pour rejoindre Milford Sound

Petit monument dédié à Mc Kinnon, l’explorateur qui découvrit ce passage de col pour rejoindre Milford Sound

On s'est un peu loupé sur le cadrage :p

On s’est un peu loupé sur le cadrage :p

Moment magique dont nous profitons pendant quelques minutes juste avant de perdre le soleil. Timing parfait ! On redescend dans la lumière qui décline et on termine donc notre journée à la frontale ; ça devient habituel ! La hut est assez bruyante, notamment grâce à la table kéké-land qui a mis la musique de son téléphone à fond et qui picole sans modération…. La joie des randonnées touristiques.

Vendredi 6 mai, pour les 18 ans de Charlotte (!!), nous nous mettons en route pour l’attaque du McKinnon Pass après notre porridge de randonnée (même Victor commence à l’apprécier!). Nous sommes un peu plus lents que la veille au soir avec les sacs, et cette fois les nuages sont de la partie. Néanmoins, la vue du sommet reste éblouissante et je ne peux pas m’empêcher de prendre des dizaines de photos. Malgré la couverture nuageuse qui ternit les couleurs, le panorama à 360° est incroyable.

Victor teste son vertige

Victor teste son vertige

Des sommets à perte de vue

Des sommets à perte de vue

Ca manque d'un petit rayon de soleil, mais ça reste superbe

Ca manque d’un petit rayon de soleil, mais ça reste superbe

On poursuit la randonnée sur le col

On poursuit la randonnée sur le col

Vue sur la vallée parcourue la veille

Vue sur la vallée parcourue la veille

Glacier et tarns, que demande le peuple ?

Glacier et tarns, que demande le peuple ?

La fraicheur ambiante et les sandflies finissent cependant par avoir raison de nous et nous continuons notre chemin vers le point culminant de la randonnée, puis un abri bienvenu où nous nous réchauffons à grand renfort de « petit latte dégueu »(comme nous avons baptisé les dosettes de pseudo café au lait tout fait – notre vie en NZ nous a transformés en snobs du café, désolée…). C’est ensuite le début de la grande descente de l’autre côté du pass. La vue continue de nous réjouir : cirque, falaises, cascades : c’est un festival. A un moment, nous longeons un torrent si joli que j’en viens presque à regretter de ne pas avoir porter mon trépied.

Torrent trop joli

Torrent trop joli

Jolis rapides

Jolis rapides

De la mousse et des fougères : classique

De la mousse et des fougères : classique

Finalement, nous atteignons un abri qui nous permet de préparer nos nouilles instantanées sans servir de nourriture aux sandflies. Nous pouvons aussi y laisser nos sacs pour emprunter le chemin qui nous mène au pied des Sutherlands Falls : les chutes d’eau les plus hautes du pays avec un total de 576m divisés en 3 étages. Elles sont impressionnantes !

Sutherland Falls : 580m de chute en trois sauts

Sutherland Falls : 580m de chute en trois sauts

Vue de loin

Vue de loin

Il ne nous reste ensuite plus beaucoup de marche pour atteindre Dumpling Hut, notre refuge du soir. Cette fois-ci, on choisit une chambre sans les vieux de la veille pour éviter les ronfleurs et nous passons une soirée agréable à discuter avec différents personnes. L’ambiance est plus calme que la veille, c’est très sympa.

Dumpling Hut

Dumpling Hut

Juste avant d’aller dormir et pour éviter la file de personnes (uniquement des filles d’ailleurs) qui attend devant l’unique cabine de toilettes sèches, je décide de partir en expédition dans le bush. Une fois ma petite affaire finie et dans le noir complet (j’ai éteint ma frontale pour ne pas me faire repérer), j’entends un gros bruissement de branches et feuilles juste à côté de moi. Va savoir pourquoi ma première pensée a été que quelqu’un avait décidé de venir faire pipi au même endroit que moi sans lumière. Bon, j’ai balisé 10 secondes, poussé un vague cri pour signaler ma présence et allumé ma frontale (une fois rhabillée tout de même…). Et là, qui je vois tranquillou en train de grimper sur un tronc ? Un oppossum. Sale bête. Sinon on a bien dormi, mis à part le fait qu’à partir de 23h la pluie a commencé à tomber. C’est joli le bruit de la pluie sur le toit. Ah oui, la ranger nous avait gentiment annoncé la veille au soir qu’il risquait de tomber environ 50mm de pluie pour notre dernier jour.

Réveil pluvieux donc samedi matin. On a décidé de ne pas partir trop tôt. Il y a 18km de marche pour le dernier jour et notre bateau est prévu à 14h30. Avec ce temps, les pauses photos et pauses tout court seront réduites donc on vise un départ vers 9h. Le matin, la ranger met à jour les infos en nous disant que quelques sections du sentier risquent d’être inondées. Soit… En fait on n’est pas trop malheureux de ce temps ; après tout son climat inhospitalier est ce qui fait du Fiordland un endroit si unique. On profite donc des innombrables cascades qui dévalent des falaises et on marche sous une pluie battante. On dépasse assez rapidement le petit groupe avec qui on discutait la veille. Ils espèrent encore garder leurs pieds au sec et font des acrobaties pour éviter une large flaque. Ils nous regardent passer en plein milieu d’un air un peu interloqué. (il pleut il mouille, c’est la fête à la grenouille) Après un peu plus d’une heure de marche, nous arrivons à la fameuse section inondée. En effet… On traverse d’abord une centaine de mètres de chemin entièrement recouvert d’une trentaine de centimètres d’eau. Puis on se retrouve devant une zone délicate avec de l’eau à mi cuisse (ou bas de sac à dos pour moi), sur un sol sableux et couvert d’obstacles (genre troncs glissants). J’envoie Victor en éclaireur pour estimer la hauteur d’eau puis je traverse. C’était rigolo mais on n’a pas de photo parce qu’on était trop occupé à ne pas couler et accessoirement,  il pleuvait toujours à seaux. On émerge de temps en temps dans des clairières et l’on profite alors de la vision incroyable de dizaines de cascades sur les flancs des falaises.

Ca dévale !

Ca dévale !

On est un tout petit peu mouillé...

On est un tout petit peu mouillé…

Les rivières se sont transformées en impressionnants torrents et la pluie alterne entre crachin et pluie diluvienne. L’ambiance est étonnante.

Cascade bouillonnante

Cascade bouillonnante

Au bout de quelques heures, on commence à avoir faim et froid (il ne fait pas très froid, heureusement, mais on est désormais trempé de la tête aux pieds, sauf moi qui ai encore miraculeusement un bout de dos et de torse au sec). On fait une pause sous un abri en engloutissant deux barres de céréales chacun et des poignées de noix (gros coup de fringale) et on regarde un weka attraper les graines que j’ai accidentellement renversé pour les donner à son petit : trop chou !

Weka weka eh eh

Weka weka eh eh

Puis on repart pour la dernière heure de marche. On atteint Sandfly Point peu après 13h, un peu plus de 4h15 après notre départ du refuge. Oui l’endroit porte bien son nom, pluie ou pas les sandflies sont bien là… Heureusement il y a un abri fermé déjà bien rempli d’ailleurs. Nous piochons dans nos rations « d’urgence » de soupe et nouilles instantanées pour nous réchauffer et le déjeuner fait bien plaisir ! Voilà, nous avons rejoint Milford Sound et terminé la Milford track ! Un petit bateau fait des navettes aller-retour pour déposer les randonneurs du bon côté de Milford Sound. Nous prenons le dernier bateau pour à peine dix minutes de trajet. Juste le temps de deviner la présence de Mitre Peak derrière les nuages. Puis un bus nous ramène en 1h30 à Te Anau Downs où nous pouvons enfin mettre des chaussettes et chaussures sèches ! On vide les sacs pour voir l’étendue des dégâts. Quelques affaires dont les duvets sont un peu humides, surtout celui de Victor. Rien de dramatique non plus. On s’offre un café avant de remonter vers Queenstown où nous nous trouvons une chambre pas chère en auberge de jeunesse. On met les radiateurs à fond pour tout sécher (mmmh, cette douce odeur de chien mouillé quand tu rentres dans la chambre…) puis on peut enfin prendre une douche chaude. Et finalement, en allant se chercher un endroit pour dîner, on se retrouve devant Fergburger où il n’y a presque personne. Verdict : c’était très bon et on a trop mangé (le double steak était peut-être un peu exagéré, mais j’avais cru les voir mettre un steak minuscule dans un burger et du coup j’avais peur de manquer…).
Dimanche matin, nous quittons tranquillement Queenstown et nous arrêtons à Arrowtown. Le village est très calme et toujours aussi mignon.

Le bord du lac Wakatipu à Queenstown

Le bord du lac Wakatipu à Queenstown

Arrowtown

Arrowtown

 

Un dernier bon café néo-zélandais

Un dernier bon café néo-zélandais

Les dernières couleurs d’automne rendent le décor encore plus joli et on s’y promène avec plaisir avant de rouler vers Wanaka. Nous faisons une petite randonnée à Rocky Summit. Le panorama sur Wanaka et le lac est toujours aussi beau et on reste longuement seuls au sommet à profiter de la vue avant de redescendre pour passer la soirée à Wanaka.

La rivière Matukituki qui débouche dans le lac Wanaka

La rivière Matukituki qui débouche dans le lac Wanaka

Jenga ! (j'ai perdu...)

Jenga ! (j’ai perdu…)

 

Ca mérite un dernier selfie

Ca mérite un dernier selfie

C'est dur de redescendre...

C’est dur de redescendre…

Lundi… Il est temps de quitter définitivement Wanaka… La météo nous aide puisque la pluie se met à tomber dru juste quand nous finissons notre petit-déjeuner. Après un dernier regard sur le lac ennuagé, nous entamons donc la longue route de retour sur Christchurch. Nous arrivons dans l’après-midi et j’ai le temps d’aller faire mon fractionné pendant que Victor s’active dans la maison. On doit faire une machine, le ménage, vider les sacs, finir les valises que nous envoyons en France le lendemain, faire nos sacs pour le Japon, et commander les pizzas pour notre dernier dîner avec nos amis. Nous passons une très bonne soirée avec Kim, Florian, Mat et Tom, à part au moment des au-revoirs. Nous goûtons même une délicieuse pavlova préparée par Kim ; c’est un des seuls desserts typiquement kiwi et c’est hyper bon !

Mardi 10 mai, c’est le grand départ. Tandis que je m’occupe de l’état des lieux, Victor part déposer nos bagages chez le transporteur et vendre la voiture. Puis Kim nous récupère pour le déjeuner dans le CBD avant de nous emmener à l’aéroport. À 16h nous quittons le sol néo zelandais, le cœur un peu gros…

Heureusement, de nouvelles aventures nous attendent !

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1 réponse

  1. Pascal dit :

    Un bel « au revoir » au pays !

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