En passant par la moraine avec nos sabots (1)

Mi août, nous sommes partis faire une semaine de randonnée glaciaire avec Pascal et Cécile. La Haute Route : un itinéraire de haute montagne entre Chamonix et Zermatt, nous tentait vraiment, et nos amis ont été suffisamment persuasifs pour nous mettre en tête de la faire en autonomie (#maso). La Haute Route est un classique hiver comme été et nous avons adapté un itinéraire qui convenait un peu mieux à notre logistique.

Le plan était donc de se faire une semaine de randonnée glaciaire dans le Valais avec pour objectif d’aller dire bonjour au Cervin et de finir par un 4000.

 

Nous retrouvons Pascal et Cécile chez nous le vendredi 11 août au soir et nous préparons et pesons les sacs, gloups : on est entre 17 et 21kg. Nous partons avec à peu près 5 jours de nourriture et devons nous ravitailler à Arolla entre deux étapes. La météo ne s’annonce pas trop mauvaise pour la semaine, malgré les risques d’orage, classiques en août.

 

Samedi 12 août : départ pas trop matinal (on fait des réserves de grasse matinée pour le reste de la semaine…) pour Martigny où se déroule cette semaine là les championnats internationaux de scrabble francophone – intéressant n’est-ce pas (l’an passé c’est un néo zélandais de Christchurch,non francophone, qui a gagné ce championnat… Je vous apprends des anecdotes passionnantes !). Nous y laissons la voiture pour prendre un train puis un bus jusqu’à Fionnay, petit patelin du Valais d’où nous démarrons notre périple. On commence par se mettre 1000m de dénivelé dans les pattes, sous un soleil radieux et chargés comme des mules. The things you do…

Et c’est parti !

Le Grand Combin, sous son nuage lenticulaire

Nous arrivons en fin d’après midi en vue de la cabane Panossière, et trouvons un petit plan d’eau pour installer notre campement. Pascal essaye de convaincre tout le monde de bosser le mouflage (technique utilisée pour sortir quelqu’un d’une crevasse), mais je préfère aller admirer la vue sur le glacier de Corbassière, bien que le Grand Combin soit caché par les nuages.

Premier bivouac

Avec Victor, on monte remplir les gourdes à la cabane et prendre des infos sur la météo. Victor se fait envoyer sur les roses par un surréaliste “Vous ne dormez pas là ? On ne donne pas l’info !”… De retour au campement (“On fait du mouflage ?”) on prépare un peu l’itinéraire non glaciaire du lendemain puis (“On fait du mouflage ?”) on prépare notre premier dîner de bivouac avec Cécile pendant que Pascal et Victor font du mouflage.

Mouflage party

Le Grand Combin continue de jouer à cache-cache avec les nuages et c’est seulement une fois la nuit bien installée que nous le découvrons éclairé par la lune. Un joli moment.

Le Grand Combin

Dimanche 13 août : Aujourd’hui encore, pas besoin de se lever à l’aube, mais on se rend vite compte qu’il y a une certaine inertie entre le réveil et le départ. Pour ce premier matin, il nous faut bien 2 heures avant d’être fin prêts. En tout cas, cette matinée est un régal pour les yeux : le Grand Combin est entièrement dégagé et la montée au col des Otannes nous offre un panorama superbe sur l’imposante montagne et ses 4314m d’altitude, faisant presque oublier qu’on est chargé comme des mulets.

Montagne et glacier 🙂

La fine équipe

Petit gué

Certains paysages font oublier l’effort

Quelques bouquetins sur la crête admirent le panorama aussi

Nous changeons ensuite de versant et basculons sur le val de Bagne en descendant vers le lac de Mauvoisin que nous longeons avant de grimper jusqu’au col de Tsofeiret où notre itinéraire quitte la Haute Route traditionnelle pour longer une crête qui nous mènera le lendemain au col de Lire Rose.

Randonneur

Changement de versant

Le barrage et le lac de Mauvoisin avec la Ruinette (3875m – à droite) et le Mont-Blanc de Cheilon (3870m – à gauche)

Lac de Mauvoisin

Lac de Tsofeiret

Nous avons un peu hésité quant à l’endroit où bivouaquer (avant ou après le col ?) mais la fatigue a raison de nous et nous posons le camp avant l’attaque du col.

« Je ne fais pas un pas de plus, on campe là. »

« Ok »

Victor et Cécile font une mission eau car le lac de la carte n’est qu’une vague flaque d’eau un peu croupie. Après le repas on ne fait pas long feu.

 

Lundi 14 août : Une longue journée nous attend et elle commence très tôt. Réveil à 4h, ça pique et c’est dur de plier le camp rapidement. On décolle vers 5h30, la frontale est à peine nécessaire. On entame la journée par le premier d’une longue, très (trop ?) longue série de pierriers jusqu’au col de Lire Rose. En haut de celui-ci nous découvrons une combe désertique et rocheuse que nous devons traverser jusqu’au col en face de nous : le col de Mont-Rouge.

Face à nous, l’accueillant col du Mont Rouge

On est bien content de ne pas avoir choisi de bivouaquer dans le bas de la combe. Sur la première partie de la traversée je décroche un caillou de la taille d’un petit frigo qui me frôle et dévale quelques dizaines de mètres dans la pente, ça met dans l’ambiance. La montée à ce deuxième col est raide et pénible (nota : il n’y a pas de photos, ce qui traduit la pénibilité. Quand on n’a pas le courage de dégainer l’appareil pour la photo, c’est souvent révélateur…). Elle s’achève par un couloir de neige où nous décidons de nous encorder. Nous passons enfin ce fichu col et nous retrouvons face à un océan de glace : le glacier du Gietro dont nous apprécions la traversée calme et apaisante après cette montée harassante.

Le col du Mont-Rouge a ‘air bien plus sympathique de ce côté là…

Enfin du glacier !!

Un des flancs et la crête de la Ruinette

Nous descendons ensuite dans le val des Dix, par une pente qui ne me plait que très moyennement, mais la cabane des Dix est en vue et il n’y a plus qu’un peu de moraine à suivre pour la rejoindre, tout en longeant les flancs du joli Mont-Blanc de Cheilon.

Première moraine

Mont-Blanc de Cheilon

Nous faisons une pause bien méritée à la cabane des Dix avant de nous remettre en route pour traverser le glacier de Cheilon et remonter au redoutable (mais ça on ne le sait pas encore) Pas de Chèvre. Cette partie est classée en itinéraire de randonnée, mais c’est un traquenard… La montée au Pas de Chèvre est éprouvante: déjà parce qu’il est emprunté par d’autres personnes avec donc un risque accru de chute de pierre, et ensuite parce que c’est un foutu pierrier raide et dégueu. Heureusement, il s’achève par une série d’échelles qui permettent d’en finir plus vite et plus sereinement.

Traversée du glacier de Cheilon, bien agréable avant le Pas de Chèvre

Beurk. Le Pas de Chèvre c’est cette espèce d’encoche en V bas dans la crête rocheuse. Ca a l’air impassable ? Ouaip. Beurk

Début de la montée du pierrier

En haut, il faut bien dire qu’à part le suisse allemand qui braille au téléphone pendant dix minutes, la vue est canon et l’on s’offre notre pause pique-nique là-haut.

Cimes et alpages

Il nous reste à redescendre sur Arolla où nous avons prévu de nous ravitailler.

Le Pigne d’Arolla

On prend quelques raccourcis dans les alpages (qui sont des pistes de ski l’hiver) et un peu avant Arolla nous nous séparons en deux groupes : Victor et Cécile restent avec les sacs et font une opération lessive pendant que Pascal et moi finissons la descente sur Arolla où nous faisons le plein de provisions. Parce que la journée n’est pas finie : il nous faut remonter un peu moins de 400m de dénivelé, à nouveau chargé comme des boeufs jusqu’à notre point de bivouac. On en bave mais on arrive avant l’orage. On a le temps de monter le camp et de faire une soupe avant la pluie puis celle-ci s’invite pour le reste de la soirée. Une partie de Hanabi, un lyophi, et au lit !!

 

 

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