Gillespie Pass Circuit
Après notre journée de “repos” à Wanaka, nous sommes au taquet pour nous remettre en marche le 31 décembre. Nous avons au préalable tenté de trouver une option pour faire en 3 jours un circuit qui se fait classiquement en quatre jours dans son intégralité. Il est possible de raccourcir le premier ou dernier jour en prenant un jet boat ou un hélicoptère (ça c’est l’option overkill…). Malheureusement, à cette période très demandée, les jet boats était plein. Tant pis, on prévoit de faire deux étapes le deuxième jour ! L’avantage du jet boat c’est aussi qu’il permet d’éviter une traversée de rivière qui peut potentiellement être compliquée. Il n’a pas plu depuis quelques jours (à part quelques gouttes la veille), et la météo n’annonce pas de pluie pour les trois jours à venir, donc on tente le coup ! Nous voilà partis pour le Gillespie Pass Circuit !
A une heure de route de Wanaka, Makarora n’est même pas un village. Une station-service tient lieu d’épicerie et de café et c’est à peu près tout… Nous garons notre voiture au départ de la randonnée et après un faux-départ pour récuperer l’opinel, nous sommes fin prêts ! La randonnée commence par une traversée de rivière. Aucun problème pour celle-ci ; on s’offre même le luxe de la passer pieds nus, puis nous suivons la Young River pendant quelques heures.
Petite pause pique-nique qui permet d’alléger les sacs à dos : on avait acheté la veille deux énormes parts de quiche qui pesaient bien lourd. On s’installe en bord de rivière et on expérimente la fameuse technique du “je mange en tournant en rond” pour éviter les sandflies. On applique cette technique les pieds dans l’eau ce qui permet d’éviter les piqures sur les pieds et les chevilles : habile !
On se remet ensuite tranquillement en route pour les deux heures de marche qui nous restent. Nous arrivons à Young Hut vers 15h30 et nous sommes les premiers, youhou !
Un randonneur nous rejoint peu après. Il est du coin et fuit la période du nouvel an à Wanaka… Il comptait initialement aller camper plus loin mais étant donné le calme qui règne dans le refuge (nous ne serons que 7 au total), il choisit de rester. De notre côté, après un délicieux cappucino instantané (sic), nous faisons notre traditionnelle excursion à la rivière pour une séance lavage et promenade les pieds dans l’eau, ainsi que puisage d’eau (le réservoir d’eau de pluie du refuge est vide).
Nous passons une soirée calme et agréable à discuter avec nos compagnons de refuge (tous kiwis, incroyable !) et après un dîner de fête à base de pâtes au thon (bien meilleures que la désastreuse expérience des pâtes au saumon en boîte à Mt Aspiring Hut…), nous sommes dans nos sacs de couchage avant 22h : vive le réveillon !
Pour fêter la nouvelle année, rien de mieux qu’un réveil à 6h pour une grosse journée de rando. La journée commence par une montée gentille qui nous amène presque jusqu’au pied du Mt Awful.
Ensuite ça grimpe sec sur 600m de dénivelé jusqu’au col où nous profitons d’un beau panorama sur le Mt Awful et le Mt Alba.
La descente (qui parait interminable sur la fin) nous emmène dans la Siberia Valley et nous nous installons pour déjeuner, contents de faire une pause.
Nous laissons nos sacs pour la deuxième partir de notre journée qui consiste en un aller-retour jusqu’au lac Crucible (qui justifie normalement un quatrième jour sur le circuit et que je ne voulais pas rater, d’où les deux journées en une). Deux petites rivières à traverser (dont celle ci-dessus) et nous voilà à nouveau au pied d’une montée ardue. On enquille les 300m de dénivelé en 30 minutes et on poursuit notre chemin vers le lac. On voit de loin la dernière colline qu’il faudra grimper, et arrivés devant celle-ci on se demande bien comment on va arriver en haut, mais finalement, c’est chose faite.
Et la vue, que nous avons juste pour nous, justifie amplement l’effort.
Le lac est entièrement rempli d’icebergs et nous assistons à plusieurs avalanches impressionnantes. Victor se sent une âme de guerrier et décide d’aller se geler la plante des pieds sur les blocs de glace. Il échappe de peu au bain d’eau glacée.
Après un long moment de contemplation, il faut faire demi tour et penser aux derniers kilomètres qui paraissent longs, très longs.
De retour à nos sacs à dos, heureusement que l’arrivée n’est plus qu’à 2,5km, car nous ne valons plus un coup de cidre… La vue du refuge est un soulagement, et puis le cadre est un plaisir pour les yeux !
Les gens nous regardent arriver avec un drôle d’air mais on doit vraiment tirer des têtes de déterrés à ce moment là. Comme nous nous y attendions, le refuge est plein et la dernière couchette vient d’être prise par un des couples qui étaient avec nous la veille. Pas grave, on dormira par terre dans la salle commune. On savait qu’avec la longue journée qu’on faisait, nos chances d’avoir un lit étaient très limitées. D’autant plus que ce refuge est très facile d’accès par jet boat, avion ou hélicoptère. C’est un peu étrange d’avoir affaire à une amie du gardien (oui, il y a un gardien dans ce refuge, vue sa fréquentation) : elle est en jupe, maquillée et parfumée et dénote légèrement dans le décor… Encore plus étrange, la musique et les basses que l’on entendra jusque dans la nuit (enfin, moi non, j’ai mis mes boules quies direct) venant des quartiers du gardien. C’est un des désavantages de rendre les refuges facilement accessibles. Cela dit, je trouve ça bien pour les gens qui ne peuvent pas faire de longues randonnées de pouvoir profiter de tels endroits et refuges (du moment que ce n’est pas comme ça partout) ! Victor a encore suffisamment d’énergie pour me trainer au pied de la cascade pour se rafraichir les idées.
Une fois que l’on estime s’être fait suffisamment ponctionner le sang par les sandflies, nous allons dîner. Le désavantage de dormir dans la salle commune est qu’il faut attendre que tout le monde ou presque aille dormir. Mais à 22h, je n’en peux plus (j’envisageais même d’aller m’installer sur la terrasse en compagnie des sandflies) et nous commençons à installer nos matelas ce qui fait partir les dernières personnes : parfait !
Le dernier jour est difficile. La motivation n’est pas au plus haut, le chemin est franchement ennuyeux (ok, peut-être que l’on devient difficile) et par endroit mal indiqué (on voit que la plupart des gens n’emprunte pas cette partie du circuit) et il fait grisouille.
Nous avons hâte d’en finir mais au bout de 4 heures de marche sans pause (moi, quand j’en ai marre de marcher, je continue, histoire d’en finir plus rapidement… Va comprendre), Victor finit par me forcer à faire une pause pique-nique. On reprend la fin du parcours dans de meilleures conditions après cela. Juste avant la traversée de rivière qui signe quasiment la fin de la randonnée, nous croisons un groupe dont le leader nous conseille un endroit pour traverser. Cette fois, pas question de traverser pieds nus. Le premier bras est facile et nous permet de travailler notre technique (parce que la technique de Victor de me mettre en amont et de me tenir par la main ne m’avait pas convaincu dans la Dart Valley :p). Le deuxième bras est clairement plus compliqué. Impossible de deviner la hauteur d’eau et il y a du courant. On se lance, sursac mis, sangles détachés, Victor en amont du courant et on se tient par la taille. Arrivés au milieu, la hauteur d’eau arrive à mi cuisse et on sent clairement la puissance du courant qui nous entraine légèrement avec lui au fil de nos pas. Victor, qui se prend tout le courant, finit par ne plus pouvoir avancer et je pousse donc vers la rive pas après pas pour sortir de là. Au final, pas vraiment de danger, mais on se sent tout petit face à la force de la nature ! Et surtout, si la rivière est comme ça après plus d’une dizaine de jours de beau temps (rare dans le coin), je me demande vraiment comment il est possible de traverser d’ordinaire… Enfin, le meilleur dans tout ça, c’est que nous y sommes presque maintenant : 500m de piste, un coup d’auto-stop pour rejoindre la voiture (qui est à une dizaine de kilomètres) et c’est tout bon. Sur la piste, nous croisons une voiture et deux touristes qui nous demandent des conseils sur le circuit qu’ils comptent commencer demain. Je me rends compte que ce sont des israëliens qui étaient avec nous à Dart Hut. Spontanément, ils nous proposent de nous ramener à notre voiture : ce fut l’auto-stop le plus facile du monde ! Comme leur voiture est blindée, Victor part avec eux et moi je reste l’attendre au CAFE. Truc de fou : un café au milieu de rien juste à l’arrivée de la rando (bon ok, y’a aussi un camping). Je traîne donc mes guêtres (au sens propre) et mes pompes encore toutes dégoulinantes et vais boire mon latte en attendant Victor. Puis histoire de ne pas le laisser boire son café tout seul quand il arrive, je l’accompagne avec une glace. On a eu de la chance car la voiture garée à côté de nous pendant notre circuit s’est fait cassée une vitre et sûrement prendre des affaires. La Nouvelle-Zélande n’est pas non plus tout le temps le pays des Bisounours.
On rentre sur Wanaka, où nous trouvons une place dans un camping avec douche (encore une douche qui faisait bien plaisir tiens !) et même vue sur le lac. La ville est blindée de monde et impossible de trouver une place dans un restaurant. Nous finissons dans un petit restaurant de burgers que nous prenons à emporter et allons le manger au bord du lac.
Dimanche 3 janvier, une fois n’est pas coutume, nous décidons de ne rien faire. Enfin, c’est surtout que nous n’avons plus aucune énergie pour faire quoique ce soit. De toute façon il fait moche. On prend un petit-déjeuner puis on va faire du lèche-vitrine dans les boutique de matériel d’outdoor et on décide d’aller au cinéma Paradiso (toujours le meilleur cinéma du monde) pour la séance de midi du dernier volet d’Hunger Games. 2h30 dans un canapé avec un délicieux cookie chocolat blanc-gingembre à l’entracte : parfait ! Dans l’après-midi, on retrouve une fois de plus Alex qui revient de quelques jours dans le Fiordland et voilà une nouvelle excuse pour passer deux heures à boire un café. Notre seule activité sera une petite promenade le long du lac Wanaka entre deux averses.
Lundi 4 janvier, dernier jour à Wanaka. Il fait beau et il y a de la neige fraiche sur les montagnes (il a fait froid et moche la veille…).
C’est toujours difficile de quitter ce coin, du coup nous faisons durer le plaisir en allant tester le matériel d’escalade tout neuf dans le paradis de la grimpe qu’est Wanaka. On monte quelques voies faciles afin de s’habituer aux manoeuvres et au matériel, et on profite du soleil.
Puis après avoir fait trainer au maximum l’heure du retour (“on pourrait pique-niquer au bord du lac non ?” “Et si on allait manger une glace avant de partir ?”), il est temps de prendre la route et rentrer sur Christchurch.
Ce fut des vacances mémorables !
Si on résume les randos en NZ en quelques mots, c’est sandflies et traversées de rivières, non ? 😉
Bon, certes, il y a aussi des paysages magnifiques (un détail !) : j’adore les photos des icebergs !